Agir Abcd Reunion

Mission AKANY fév-mars23

Mission AFGM-AGIRabcd à l’Akany d’Arivonimamo - Février mars 2023 

Le 23 février dernier, une mission visant notamment à renouer les contacts en présentiel avec les autorités de la Gendarmerie Malgache est partie à Madagascar,  conduite par Pierre Aymeric, Président des AFGM.

P.Aymeric et le SEG Serge Gelle

(Pierre Aymeric à gauche avec le Secrétaire d’état à la gendarmerie le Général Serge Gellé à droite - Photo AGIR abcd)

Depuis sa création en 2015, l’association AFGM (Amis des Familles de Gendarmes Malgaches) œuvre pour offrir aux jeunes pensionnaires du Centre Orphelinat de la Gendarmerie, le meilleur enseignement possible et en particulier, un niveau de français susceptible de pouvoir leur ouvrir les portes des meilleures écoles de Madagascar et notamment celle de la Gendarmerie.

Pour y parvenir, il fallait une personne compétente, en permanence sur place pour assurer le suivi de la scolarité des orphelins, depuis les classes élémentaires jusqu’au baccalauréat et  aujourd’hui post -bac. L’association de Pierre Aymeric, a donc recruté localement une assistante éducative permanente pour l’Akany (en français « Le Nid ») : Il s’agit de Mme Sylviane Rabearison dont les émoluments sont, depuis 6 ans, versés par l’association AFGM. Les fonds proviennent exclusivement de dons et de quelques manifestations destinées à en recueillir. Le Président et son équipe n’ont jamais ménagé leur peine pour assurer ces rentrées de fonds et ainsi pérenniser l’action de l’éducatrice depuis toutes ces années.

Recrutée grâce à ses compétences et son très bon niveau de français, Sylviane est, en quelque sorte la répétitrice pour tous les élèves et le trait d’union permanent avec les professeurs retraités bénévoles d’AGIR abcd Réunion qui se sont succédés en missions régulières sur place depuis 2015. Les missions ont lieu principalement au moment des examens (Brevet Elémentaires et Baccalauréat) pour faire réviser les jeunes de ces classes d’examen.

Toutefois, la crise Covid ayant interdit de se rendre sur place pendant deux ans, 4 professeurs (un d’anglais, un de français et de deux de mathématiques) ont mis au point des séances de cours hebdomadaires, en visioconférence dans chacune de ces matières, séances associées à l’envoi et à la correction de devoirs par voie de messagerie. C’est dire l’énorme travail d’appui mené par les bénévoles d’AGIR pour aider dans les jeunes orphelins leurs études.

Tout ceci a été coordonné sur place grâce à Mme Rabearison mais aussi grâce à la vigilance toute paternelle du Lieutenant-Colonel Barivelo RANDRIANARIVONY, chef de Centre. A eux deux, ils sont les garants du travail et des efforts accomplis par les élèves.

Arivo 0

(L’ensemble des pensionnaires de l’Akani de la Gendarmerie – Photo Gendarmerie Malgache- LCL Barivelo)

Soutien psychologique nécessaire suite aux traumatismes vécus par les jeunes pensionnaires.

A ce volet pédagogique développé dès 2015, s’était ajoutée en mars 2017 une première mission de soutien psychologique aux enfants, assurée par Mmes Mireille Bernard Ah-Line Lise Huguet et Monique Raudrant, toutes les trois psychologues scolaires retraitées et bénévoles d’AGIR abcd. En effet, et c’est peu de le dire, certains enfants sont très durement affectés par la perte d’un père gendarme mort en service et il est important de pouvoir parler de leur situation, car s’ils sont certes pris totalement en charge à Arivonimamo, ils sont néanmoins coupés du reste de leur famille. Ils ont besoin d’être entendus par des oreilles bienveillantes et surtout professionnelles. Monique Raudrant Rakotomalala, a donc pu reprendre seule en février la route de l’Akany pour apporter à nouveau son soutien psychologique à ces jeunes dont le nombre ne cesse d’augmenter chaque année avec l’entrée de nouveaux venus.

Ses origines malgaches et sa pratique naturelle du malgache, sa langue maternelle, lui permettent une approche beaucoup plus intime et plus fine, des tout-jeunes en particulier, à qui elle tente de faire mettre « des mots sur leurs maux », pour paraphraser le titre de l’ouvrage de l’essayiste Yves-Henri Morvan.

Voici le récit de Monique suite à sa mission pour AGIRabcd Réunion à l’Akany de la Gendarmerie à Arivonimamo 

Journal de bord de Monique (ci-contre - photo AGIR abcd)

Monique RaudrantPartis le 23 février de la Réunion, Pierre Aymeric et moi-même, arrivons dans l’après-midi à Tananarive.  Nous y sommes accueillis par le LT Colonel Barivelo RANDRIANARIVONY, responsable du centre, et  Sylvianne RABEARISON, la responsable pédagogique. 

Nous sommes conduits au Shangaï, notre hôtel où nous passons la nuit. 

Le lendemain à 9h, un chauffeur vient nous chercher pour nous amener à l’orphelinat où nous attendent  les responsables ainsi que les pensionnaires. 

Nous faisons une rapide visite de l’ensemble de l’Akany, et je peux constater depuis mon dernier  passage en 2017 un réel changement : ordre, propreté, bâtiments repeints, un local pour l’infirmerie,  une salle d’informatique fonctionnelle, et la bibliothèque ouverte à tous. 

Le Colonel nous présente aux élèves et Pierre raconte son parcours et son implication par rapport au centre. Les élèves nous chantent l’hymne de l’orphelinat. 

On nous installe ensuite à notre hôtel dans la ville en dehors de l’orphelinat. 

Le centre reçoit actuellement 69 jeunes, de 8 à 20 ans, de la classe de CP jusqu’à la terminale (série L, OSE), et 4 étudiants à l’université dont un en 1èrere année de médecine. 

Certaines fratries sont réunies au centre. Une petite infirmerie a été aménagée et 2 infirmiers ainsi que  2 sage-femmes interviennent à tour de rôle. 

Sylvianne, responsable pédagogique, a beaucoup de mal à aménager un emploi du temps fixe qui me permette de voir le maximum d’élèves : bien que ce soit les vacances, les terminales doivent suivre des  cours au lycée tous les jours en vue du BAC. Les autres classes, prévenues au jour le jour, doivent rattraper les cours suspendus pendant une semaine, du fait du cyclone Freddy. 

J’ai pu commencer à intervenir auprès des élèves à partir du 27 février : d’abord un groupe d’élèves de 2nded, 1èreère et terminale (31 élèves) dans une salle aménagée en U. Après m’être présentée en tant que  psychologue, métier qu’ils ne connaissaient pas, et dont ils n’ont jamais entendu parler, j’ai expliqué le  plus simplement possible ce que je faisais, précisant que je ne suis ni médecin, ni professeur, mais que  je suis surtout dans l’écoute par rapport à des problèmes familiaux et autres. 

J’interviens en français, mais je traduis en malgache pour une meilleure compréhension de leur part. 

Leur dire ce qui est important pour moi, c’est de les faire parler, de les laisser s’exprimer, raconter et  de savoir écouter ce qui a été dit.

J’en viens à parler des émotions : peur, colère, tristesse, joie… et de la nécessité de les exprimer, car la  parole libère, soulage, console. Se taire, ne rien dire, c’est parfois entrer dans la violence ou dans la  maladie. 

Les amener ainsi à identifier leurs propres émotions et à s’y connecter. Quand j’interroge chacun sur  l’émotion qui est la plus présente en ce moment, leur réponse est unanime : la joie. Un seul élève  parlera de sa colère. En effet, il règne au centre une grande gaieté parmi les élèves. 

Je distribue à chacun une feuille où chaque émotion est répertoriée avec une série de réactions qui s’y  rapporte, que chaque élève doit identifier. Leur réponse m’aidera lors de leur entretien individuel.  

Je termine la séance en leur demandant de dessiner un arbre, afin de les amener à une expression  différente de la parole. Les élèves s’y prêtent avec beaucoup d’étonnement mais aussi beaucoup  d’attention. 

J’ai reçu ensemble les classe de 5ème, 4ème et 3ème, avec les mêmes propositions, mais avec plus  d’explications en malgache. 

Pour les primaires et 6ème, j’ai choisi de leur faire dessiner la maison qu’ils aimeraient avoir et un arbre.  Ils avaient à leur portée des crayons couleurs, des feutres, de la gouache et de l’aquarelle et pouvaient  choisir le matériel qu’ils préféraient. Sylvianne me dit qu’ils ne dessinent jamais. J’ai l’impression  qu’ils découvrent les couleurs et dessinent avec attention, calme et joie. Me demandant à la fin de la  séance quand ils pourront faire à nouveau cet exercice. 

J’ai commencé par la suite à recevoir les élèves en entretien individuel selon leur présence au centre  et selon leur disponibilité. A chaque entretien j’aborde le décès du père. La souffrance est là et le  manque du père aussi, la plupart n’ont jamais parlé de cet événement tragique, et je découvre combien  parfois les situations ont été violentes (père décapité, démembré, empoisonné). Plusieurs élèves se  mettent à pleurer évoquant un père aimant, présent, gai. On leur interdit aussi de pleurer pour ne pas  faire souffrir plus la mère et selon les usages et coutumes du pays on ne peut pas pleurer sur le  tombeau. Certains étaient trop jeunes pour assister aux cérémonies et n’ont que le récit par leurs  proches. J’ai eu parfois des réactions de la part des garçons qui ont trouvé cela injuste et aimeraient  venger leur père, et d’autres qui se réfugient dans le silence disant « c’est fini, c’est passé !...» ; je n’insiste  pas. 

Certains élèves ont pu trouver des figures paternelles bienveillantes auprès de grands-pères ou d’oncles  ou même parmi les responsables du centre. Mais tous restent envieux des élèves au lycée qui ont leur  père. 

On a aussi abordé aussi leur projet professionnel. Mais dans cette zone de confort dans laquelle ils se  trouvent, il leur est difficile de se projeter autrement que pour être gendarme, car c’est un métier qui  se perpétue dans la famille et leur formation les y amène. 

Certains métiers ont été cités : avocat, juge, procureur, légionnaire, mais sans réelle connaissance de  ce que l’on y fait. 

Fresque Pour terminer, j’ai proposé à des groupes différents, dans lesquels les niveaux étaient mélangés, de  réaliser une « peinture sociale ». Deux panneaux ont été affichés au mur avec du matériel (feutres,  crayons, gouache, aquarelle) et ils devaient s’exprimer sur ces panneaux en dessinant spontanément  et librement ce dont ils avaient envie. Un peu surpris au départ, ils se sont vite prêtés au jeu avec  beaucoup de rires, mais aussi du respect, de la complicité, de la tolérance, l’ensemble faisait transparaitre la cohésion de chaque groupe. Ils ont admiré leur travail et ont exprimé le désir de  recommencer. 

Le lundi 6 mars signait la fin des vacances scolaires, je ne pouvais plus rencontrer d’élèves. Le 8 et le 9 mars, il y avait des festivités pour les journées de la femme, j’ai donc quitté le centre le jeudi 9 mars  pour regagner Tananarive en Taxi brousse. Sylvianne a tenu à m’accompagner jusqu’à Tana.

Cette mission m’a permis d’apprécier l’ambiance générale du centre, les pensionnaires s’y trouvent bien,  entourés des jeunes de leur âge, une bonne ambiance de convivialité. Quelques jeunes se sont plaints de manquer de liberté, de ne pas avoir la possibilité de « trainer » en ville après le lycée, de l’absence  de leur mère et de la famille, qu’ils ne voient qu’aux grandes vacances. Les sentiments amoureux  existent, mais doivent rester discrets, il n’est pas possible aux jeunes gens de se regrouper dès la nuit  venue. 

Si on envisage une suite à cette mission, ce serait intéressant de leur parler de l’orientation scolaire et  des métiers différents, afin de leur apporter plus d’ouverture sur le monde, mais également, les faire  s’exprimer davantage en français. 

Monique Raudrant, Psychologue.

RÉUNIONS MENSUELLES :

 La prochaine réunion mensuelle plénière de la délégation territoriale se tiendra le : 

LUNDI 8 AVRIL 2024

de 9h00 à 12h00 au CREPS de SAINT-PAUL

47, boulevard du Front de Mer

Plan d'accés au CREPS de Saint-Paul

Suite à la réunion, il sera de nouveau possible de déjeuner au restaurant "Le Quai d'Orient" avec une formule à 18 € ou à la carte. Confirmation du nombre de participants en début de réunion. 

Ordre du jour consultable en suivant ce lien à partir du 30/04/2024. Le compte rendu de la RM3 du 8 AVRIL déjà disponible ici (membres identifiés uniquement). 

Nota : Les réunions mensuelles ont lieu sauf exception, tous les premiers lundis du mois à partir de 9h ; elles se sont longtemps tenues de manière régulière salle du Foirail à Piton Saint-Leu  (plan d'accès).

Pour d'autres raisons, de disponibilité, d'évènements particuliers et notamment de la crise sanitaire et de ses contraintes, ainsi que par soucis d'équité dans les déplacements, les réunions peuvent être organisées dans différents endroits du département comme par exemple en mai 2023 dans le Nord, dans les locaux du CCEE que nous remerçions de bien vouloir nous accueillir ponctuellement.

Calendrier prévisionnel des réunions mensuelles pour l'année scolaire 2023-2024 (modifié le 14-11-2023)