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Mission en Géorgie

Gorgie_1_-_copieC'est du Sakartvelo, indûment appelé Géorgie, et dont on sait à peine où il se trouve, que je vais vous parler; tout  le monde pourtant connaît le mythe de Prométhée et le voyage de Jason à la recherche de la Toison d'or en Colchide, le pays de Médée : c'est là ! « Les Turcs ont passé là, tout est ruines et deuil » : il suffit au fil des siècles de remplacer parfois le sujet par Grecs, Romains, Ottomans, Perses, Mongols, Russes, ou soviétiques (Staline et Béria, enfants du pays, n'ont pas été les plus cléments...) pour se faire une idée de l'histoire tragique, ponctuée de tremblements de terre, de ce petit pays aux marges de l'Europe, coincé entre Grand et Petit Caucase, Mer Noire et Azerbaïdjan, étape sur la route de la soie, disputé depuis toujours entre l'est et l'ouest et maintes fois ravagé par les envahisseurs. Sa capitale,Tbilissi, a paraît-il été rasée 40 fois...Il en reste une architecture variée, dont l'aspect le plus oriental se retrouve dans la vieille ville aux maisons « balconisées », au pied de la forteresse ottomane, autour des bains « persans » : la ville a été bâtie à l'emplacement de sources chaudes sulfureuses, arme absolue contre les grands froids : j'en sortais fondante comme un loukoum et irradiant la chaleur par tous mes pores! Mais plus de chameaux dans les rues et l'unique caravansérail encore debout est en passe d'être transformé en hôtel de luxe. De la Russie impériale aux tristes banlieues soviétiques les autres quartiers sur les rives du fleuve Mtkvari alternent ou marient art nouveau (le plus vieux cinéma de la ville a été construit en 1901), maisons ottomanes, architecture hausmanienne ou soviétique, avec un superbe opéra mauresque, et bien sûr de nombreuses et belles églises orthodoxes, dont il est difficile de dire à quelle époque elles appartiennent, car toutes bâties sur le même plan au cours des siècles, plusieurs fois rasées, elles ont toujours été reconstruites à l'identique; il en est de même pour la toute nouvelle et gigantesque cathédrale, qu'un riche oligarque - qui avait sans doute beaucoup à se faire pardonner- vient de faire édifier au-dessus du palais présidentiel aux vagues allures de Reichstag, tout neuf lui aussi. Car ce qui a toujours fondé l'identité géorgienne, outre leur alphabet si esthétique et singulier et leur langue tout aussi unique, c'est la religion : christianisés depuis le tout début du 4ème siècle (le 2ème pays à l'avoir été officiellement), convertis de force à l'islam à plusieurs reprises, privés de religion durant la période soviétique, les Géorgiens font montre aujourd'hui d'une dévotion stupéfiante. Dans les steppes de l'Asie centrale, à la frontière azérie, par une journée glaciale où le vent soufflait la neige en congères, je suis allée dans un monastère troglodyte fondé au 6ème siècle aux confins du monde chrétien, où un shah de Perse a fait exécuter au 17è s plus de 6000 moines; le site a ensuite servi de champ de tir à l'armée soviétique; c'est redevenu un haut lieu de pèlerinage. L'hiver a parfois contrarié mes projets touristiques, mais j'ai visité des églises et des monastères anciens, une forteresse romaine au bord de la mer Noire, une ville troglodyte vieille de 3000 ans, un château à la frontière de l'Ossétie du Sud sans chars russes, mais avec les véhicules des observateurs de l'OTAN qui patrouillent par là et admiré des paysages grandioses : le grand Caucase, c'est une chaîne de 700 km avec 3 sommets à plus de 5000 m ; si la Géorgie entre dans l'Europe, le Mont Blanc va perdre sa suprématie! Il me reste le regret de n'en avoir pas vu davantage...

Mais tant pis pour le tourisme, après tout, j'étais là-bas pour travailler, dans une école privée en lien avec le CNED où j'ai pris beaucoup de plaisir à préparer le bac français avec des élèves géorgiens; j'intervenais aussi dans les autres classes en soutien pour les professeurs de français.

Quant à l'hospitalité géorgienne, elle est exceptionnelle; la famille qui m'hébergeait a tout fait pour que je me sente bien; mes jeunes collègues, malgré leur traitement misérable – toutes multiplient les cours particuliers pour vivre – m'ont invitée plusieurs fois au théâtre, me traduisant l'essentiel pour que je puisse suivre; car du géorgien, je ne sais pas grand chose, à part le lire, le kit de politesse de base et compter jusqu'à 10, au-delà, ça reste flou; c'est que je ne dispose d'aucune référence dans cette langue qui n'est pas indoeuropéenne, où « mama » veut dire papa et où maman se dit « dédi »; ils prétendent que c'est facile parce que ça se prononce comme ça s'écrit, sauf que parmi les 33 lettres de leur alphabet quelques-unes des surnuméraires me resteront à tout jamais imprononçables. Héritage positif de la période soviétique, la culture n'est pas élitiste; les théâtres, nombreux et subventionnés, font le plein, avec des troupes excellentes et des mises en scène inventives; le maître du genre en ce moment est un certain Stouroua. Les musées sont délabrés, certains en cours de restauration, comme les grandes avenues qui redeviennent superbes. Vous l'aurez lu entre les lignes, j'ai aimé ce séjour et les gens qui m'ont accueillie dans ce beau pays, et j'ai la tête encore un peu à l'est...

Si vous voulez avoir une idée du passé récent de cette région, vous prendrez sûrement plaisir à lire Voyage au Caucase d'Alexandre Dumas (qui, après une nuit tumultueuse, écrit qu'il en est « encore à se demander si l'on a le droit de se mettre à l'affût d'un homme comme on se met à l'affût d'un cerf ou d'un sanglier », ce qui donne une idée de l'ambiance paisible de ces montagnes voici un siècle et demi; d'ailleurs, entre Russes et Tchétchènes, seules les armes ont évolué), Ali et Nino de Kourban Saïd (éd J'ai lu) pour le début du 20ème siècle et Mer Noire de Khetevane Davrichawy (éd Sabine Wespieser) qui se passe lors du départ en exil pour la France du 1er gouvernement indépendant de Noé Jordania, chassé par les Bolchéviques.

Jacqueline BADON 30 mars 2011

RÉUNIONS MENSUELLES :

 La prochaine réunion mensuelle plénière de la délégation territoriale se tiendra le : 

LUNDI 7 OCTOBRE 2024

de 9h00 à 12h00 Salle du Foiral - PITON SAINT-LEU

Retour au lieu "historique" des réunions mensuelles, dans la salle du Foirail de PIton Saint-Leu aimablement mise à notre disposition par Initiatives Kartié (plan d'accès) 

Ordre du jour consultable en suivant ce lien à partir du 02/10/2024. Le compte rendu de la RM6 du 9 septembre consultable ici (membres identifiés uniquement). 

Nota : Les réunions mensuelles ont lieu sauf exception, tous les premiers lundis du mois à partir de 9h ; elles se tiennent habitiuellement salle du Foirail à Piton Saint-Leu ; toutefois, pour des raisons diverses, de disponibilité, d'évènements particuliers et notamment pendant la crise sanitaire et ses contraintes, ainsi que par soucis d'équité dans les déplacements, les réunions peuvent être organisées dans différents endroits du département comme par exemple en avril et en mai 2024 dans l'ouest, au CREPS de Saint-Paul.

Calendrier prévisionnel des réunions mensuelles pour l'année scolaire 2024-2025