Hommage à Annie KOWALCZYK

Hommage à Annie Kowalczyk

Une feuille est tombée de l’arbre…

(Hommage à Annie KOWALCZYK)

Notre amie Annie KOWALCZYK s'en est allée en douceur vers d'autres horizons le 16 mai 2024 conformément à sa volonté.

Elle avait rejoint AGIR en 2020 et était encore parmi nous lors de la réunion mensuelle du 6 mai dernier au cours de laquelle elle a souhaité prendre la parole sur l’engagement bénévole. C’est ce à quoi elle a consacré une grande partie de la fin de sa vie.

Après un grave accident en 1994, c'est par une forme d'élan vital qu'elle s'est engagée, et c'est son investissement qui lui a permis de tenir face aux épreuves et qui a donné du sens à sa retraite depuis 2015. Après une carrière atypique et divers métiers son engagement lui a procuré encore plus de satisfaction que sa vie professionnelle. Outre le plaisir de participer à une activité elle y a trouvé du lien social, la possibilité de sortir de l'immobilisme et de la rumination, l'ouverture à des domaines et des mondes divers, une opportunité pour aller plus loin et plus haut. Particulièrement avec son travail à la Maison des Familles – car elle a beaucoup travaillé, en binôme ou seule avec sa motivation, ne pas confondre bénévolat et dilettantisme ! - sur les violences, l'aide aux victimes, la transmission des valeurs, le respect de soi et des autres, le sens de la responsabilité.

La conclusion qu’elle a donnée à ces quelques années parmi nous avec le sourire lumineux que nous lui connaissions a été conforme à son image simple, discrète, pudique, mais profondément riche.

Elle aura marqué son passage par ses engagements, sa générosité, sa résilience, et le courage immense qu’il faut pour avoir pris la décision qu’elle a prise.

Elle nous a fait un dernier cadeau avec ce poème « J’ai demandé à la feuille… » de Thich Nhat Hanh qu’elle nous a en quelque sorte dédié et laissé à notre réflexion.

Petite feuille tu es tombée de l'arbre mais tu lui appartiendras toujours et chacune des autres feuilles se souviendra de toi.

Merci Annie de cette belle leçon de dignité.

« J’ai demandé à la feuille… »

« J’ai demandé à la feuille si elle avait peur de tomber, puisque c’était l’automne et que les autres feuilles tombaient. La feuille m’a dit : « Non. Pendant tout le printemps et l’été, j’étais très vivant. J’ai travaillé dur et aidé à nourrir l’arbre, et une grande partie de moi est dans l’arbre. S’il vous plaît, ne pensez pas que je ne suis que cette forme, parce que cette forme de feuille n’est qu’une infime partie Je suis l’arbre entier. Je sais que je suis déjà à l’intérieur de l’arbre, et quand je retournerai au sol, je continuerai à nourrir l’arbre. Voilà pourquoi je ne m’inquiète pas. En tombant de la branche et en flottant jusqu’au sol, je ferai signe à l’arbre et lui dirai : « Je te reverrai très bientôt. «  »

Soudain, j’ai eu une sorte de perspicacité très semblable à celle contenue dans le Sutra du cœur. Il faut voir la vie. Il ne faut pas dire, vie de la feuille, mais vie dans la feuille, et vie dans l’arbre. Ma vie n’est que la vie, et tu peux la voir en moi et dans l’arbre. J’ai vu la feuille quitter la branche et flotter jusqu’au sol, dansant joyeusement, parce qu’elle flottait, elle se voyait déjà là dans l’arbre. C’était si heureux. J’ai incliné la tête, et je savais que nous avons beaucoup à apprendre de la feuille parce qu’elle n’avait pas peur ; elle savait que rien ne peut naître et rien ne peut mourir. ”

Thich Nhat Hanh dans « L’autre rive » (Parallax 2017)

Lors de sa dernière conversation avec la Nadège Merlo, la Déléguée Adjointe d'AGIR abcd Réunion, Annie lui avait parlé d'une interview qu'elle avait eu sur Europe 1 dans Libre antenne avec Valérie Darmon le 25 mars dernier.Lien vers le podcast 

Elle lui avait également parlé du livre " La mort est un nouveau soleil" d’Elisabeth Kubler Ross ; Annie croyait qu'il y avait quelque-chose après la mort...