Mission de septembre 2019 au Centre Orphelinat de la Gendarmerie
Mission de septembre 2019 au Centre Orphelinat de la Gendarmerie
Le dimanche 8 septembre, nous nous retrouvons sur le parking de Gillot à 10h, bientôt rejoints par Jean-Daniel VERMEIL puis par le beau-frère du désormais Commandant CHRISTIAN venu très aimablement nous aider à enregistrer une montagne de bagages, pour l’essentiel des objets d'hygiène et de toilette pour l'orphelinat de la Gendarmerie malgache à ARIVONIMAMO, petite ville à environ 50 Km à l’Ouest de la capitale. Pour retirer des chariots, il faut des pièces de monnaie…
Finalement toutes les valises, sacs, ballots et divers sont entassés et menés au comptoir Air Austral en train d’ouvrir. L'enregistrement sera long et il faut admirer le calme que s'impose de garder le jeune employé. Montant de l’excédent de bagages : 650 €. À payer au comptoir d'Air Madagascar qui assure le vol, avant de pouvoir obtenir nos cartes d’embarquement.
Attente à l’agence. Quand vient notre tour et que nous expliquons la situation à la dame au comptoir, le montant à payer est ramené à un montant plus supportable pour les ressources de nos associations, car cette dame a découvert qu'Annick a une carte CAPRICORNE, le programme de fidélité d'Air Austral. Nous lui demandons de vérifier pour chacun d'entre nous si nous en sommes titulaires, car nous en avons à un moment ou un autre été membres : le montant à payer chute.
Retour au guichet d'Air Austral avec la facture réglée. Nous recevons enfin nos cartes d’embarquement.
Pause grignotage au bar à l'étage avant embarquement. La dame de l'agence Air Madagascar présente sur la passerelle est remerciée à nouveau avec effusion. Décollage à l’heure. Beaucoup de Chinois exubérants à bord. Le vol arrive de Canton.
Arrivés à Ivato, nous passons avec les Chinois aux formalités d’immigration. Les formulaires des douanes et de l'immigration ont été distribués pendant le vol. Le visa pour 30 jours coûte 35 € à payer en euros. Il sera collé sur deux pages vierges du passeport. Avant de partir en mission à Madagascar, pensez donc à vérifier la présence de deux pages blanches dans le passeport.
Certains sujets du céleste empire passent allègrement devant nous ou sous les cordons délimitant les files. Nous bavardons avec un très sympathique jeune Japonais venu en solo explorer les merveilles des réserves naturelles de la Grande Ile.
L'immigration passée avec plus ou moins d'attente, nous devons nous présenter à la douane avec nos valises et nos bagages enfin tous retirés des tapis. Pierre Aymeric a déjà été recruté par deux ou trois porteurs avec leurs chariots.
Est-ce que parce ce que nous passons comme tout le monde dans la file « Rien à déclarer », contrairement à ce que nos porteurs nous auraient conseillé — à savoir de passer les bagages au scanner —, toujours est-il que nous sommes fermement invités à faire examiner les bagages aux bureaux de la douane où attendent déjà un nombre impressionnant de personnes. Comme attendent dehors Sylvianne et le Capitaine et les chauffeurs et leurs aides. Nous allons les saluer : retrouvailles chaleureuses.
À la douane, rien ne bouge.
Nous changeons nos euros.100 € = 400 000 Ariarys.
Nous nous relayons à l'extérieur pour bavarder avec Sylvianne et le Capitaine, Directeur de l'orphelinat. Ce dernier décide d'intervenir auprès de ses collègues douaniers. Au final, deux énormes ballots enveloppés de plastiques sont ouverts et brièvement « inspectés ». Le reste de nos bagages passe sans être ouvert. Nous voilà libres. Nous rejoignons le véhicule du capitaine et le minibus.
Le Pape est en visite. La circulation autour de la capitale est canalisée et les embouteillages inextricables. Pas pour le Capitaine qui nous fait remonter les files…
Nous retrouvons bientôt la route-digue et les rizières en contrebas, paysage typique de la ceinture de la capitale. Rizières grises, encore plus grises dans le soir qui descend. Circulation dense. Longues files interminables de piétons sur les bords de la route. Impression étrange d'être dans un mauvais rêve sans fin. Grands tas de briques grises un peu partour, à cuire ou en train de cuire un peu partout dans les rizières pour passer au rouge. Seules notes de couleur, quelques petits carreaux de riz vert à repiquer. Partout la poussière, la latérite, les fumées, les gaz d'échappement. Au sommet des collines que nous traversons, des villages, que nos concepts occidentaux échouent à décrire, tout comme le fourmillement de leurs occupants.
En raison des embouteillages dûs à la visite du Pape nous sommes loin de l'itinéraire habituel pour rejoindre l'orphelinat. Il faut donc retrouver la route normale alors que nous en sommes très éloignés. Sylvianne demande à plusieurs personnes si nous sommes sur le bon raccourci qui passe à travers les immenses chantiers de la future rocade construite par les Chinois autour de la capitale. C'est le début d'un long et lent périple chaotique autant que cahoteux sur des pistes improbables alors que la nuit tombe sur les hauts plateaux. Au loin sur sa colline, le Rova, le palais de la Reine, achève de disparaître.
Nous finirons par retrouver la route goudronnée avec soulagement à Alakamisy. Les véhicules peuvent foncer dans la nuit et nous arrivons enfin à l'orphelinat où viennent nous accueillir une, deux, — dont Prudence —, puis plusieurs élèves, puis les garçons. Échanges amicaux. Les bagages et les cadeaux sont déchargés.
François DUBAN finit par demander l’horaire à prévoir pour les séances de révision et nous apprenons que les élèves sont retenus au Lycée local jusqu’à 10 heures le matin et 16h30 l’après-midi… Nous sommes consternés puisque nous avions planifié une mission courte avec un emploi du temps dense !
Nous rejoignons ensuite l'hôtel, où nous trouvons son directeur, M. RIVO et son épouse qui nous souhaitent la bienvenue et nous présente le personnel, Mamisoa et ses comparses. Les locaux sont agréables, propres et déjà nous élaborons les menus à venir. Des fenêtres de nos chambres nous devinons les alentours.
Nous passerons une excellente nuit.
Le lendemain, nous esquissons un possible emploi du temps : nos interventions à l’Université où M. RIVO siège au Conseil d’administration pourraient avoir lieu le matin de 8h00 à 10h00 et nous pourrions travailler à l’orphelinat avec les dix élèves de Terminales de 10h30 à 12h00. Jacqueline BADON et François DUBAN travailleraient par demi-groupe le matin pour préparer les élèves à un Bacc. blanc l’après-midi. Cette ébauche d’emploi du temps connaîtra divers ajustements…
Ce n’est que le mardi matin que nous commençons nos interventions à l’Université.
Nous rencontrons le Recteur des études, le Directeur et une charmante secrétaire pour mettre au point l’organisation de nos travaux. Nous devons rencontrer pour les faire s’exprimer en français 80 étudiants environ. Ils seront divisés en deux groupes de 40, reçus alternativement au fil des jours à 8h00 pour la prière en commun et la présentation d’un texte de support pour les conversations qui suivront, par groupes de 20 puis de 10 jusqu’à 10h00. Le choix des thèmes abordés — le tourisme, la démographie, les droits de l’être humain, l’occidentalisation du monde — a fait l’objet de discussions entre nous en amont.
Si le premier jour l’assistance est nombreuse dans chacun des grands groupes, le deuxième jour (respectivement les jeudi et vendredi) les rangs sont plus clairsemés. Même dans les petits groupes (environ une dizaine de présents) il y a en général deux à trois intervenants effectifs, les filles prenant la parole qu’instamment sollicitées.
Pour ce qui est des révisions du Baccalauréat, les présents seront, en anglais, au maximum 6, et 3 seulement en fin d’après-midi le mardi, le Lycée ayant mis en place des cours de révisions intensifs. Le Capitaine sera sollicité pour intervenir auprès du Proviseur pour permettre à nos élèves d’assister à nos séances de révisions dans toute la mesure du possible.
Pour ce qui est de l’anglais il s’est rapidement avéré que sur dix élèves, trois étaient à même de se présenter aux épreuves du Baccalauréat, les autres étant franchement faibles. Aux cours des premières séances, il a été tenté de faire travailler tout le monde sur des photocopies : pour les élèves au niveau, le matin, des fiches de préparation à des épreuves d’examen sur le thème du sujet du Bacc. blanc de l’après-midi ; pour les élèves plus faibles, des révisions de grammaire de base sur des photocopies amenées en prévision de cette situation. Mais pour l’intervenant, passer d’un niveau à l’autre sans déranger les travaux des uns et des autres relevait de la mission impossible et les élèves les plus faibles, pas assez suivis personnellement, ont souvent renoncé. Ce sont alors les trois élèves au niveau qui ont reçu un maximum de conseils et un suivi alors très personnalisé et efficace comme on a pu le constater au fil des séances. Les deux élèves les plus performants ont ainsi pu passer les épreuves de trois Baccs blancs, même si en raison du manque de temps, ces épreuves écrites ont été faites oralement pour certaines d’entre elles.
C’est le vendredi après-midi que Pierre AYMERIC, Jacqueline BADON, François DUBAN vont quitter l’orphelinat alors qu’arrive Maurice PORTHAULT. Annick DESPEYROUX restera une semaine de plus pour continuer à mettre en place le bilan de santé des élèves qui voudront bien se présenter.
Une cérémonie est organisée pour nous remercier. Les discours du Représentant du Chef de centre puis celui de Pierre Aymeric sont émouvants. L’hymne de l’orphelinat, chanté à pleins poumons par les élèves l’est encore plus.
Se dire au revoir est difficile, que ce soit pour le personnel de l’orphelinat, pour les élèves, pour nous. Nous sommes touchés de voir arriver, après le filles présentes à l’orphelinat à ce moment, tous les garçons, un peu gênés par l’émotion ambiante. Sylvianne et Prudence nous accompagneront jusqu’au départ effectif depuis le bâtiment administratif.
Texte et photos François DUBAN (sept 2019)