Etre bénévole
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RETROSPECTIVE 2022 : Être bénévole dans l’Association Générale des Intervenants Retraités, cela consiste en quoi ? Exemple : Récit d’une demi-journée d’intervention dans un collège....
Je pars de chez moi (j’habite St Pierre) jeudi matin vers 6h45. Objectif : le collège du 14ème km au Tampon à environ 20mn de voiture, pour rejoindre sur place ma collègue Nadège. Nous devons intervenir en binôme toute la matinée face à des élèves de 4ème pour leur parler de la Charte de la Laïcité. Avec les « Violences au quotidien » basées sur des faits divers réels et récents, ce sont nos deux animation phare en collège et lycée, Ces « Actions Citoyennes » sont soutenues par l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) et par le Rectorat de la Réunion. Logique puisqu’AGIR est agréé par le Ministère de l’Education Nationale ainsi que quatre autres ministères. Nous avons la réputation de ce que nous sommes : des gens sérieux, compétents, disponibles.
En arrivant sur place vers 7h, une demi-heure avant le début des séances, installation du matériel oblige, nous sommes accueillis au portail par Monsieur le Principal lui-même qui nous guide jusqu’à notre salle aménagée en mode conférence, équipée d’un grand écran et d’un vidéo projecteur. Nous avons notre propre PC avec le diaporama que nous allons utiliser comme support à l’exposé et au dialogue avec les élèves. C’est un outil que nous avons construit et que nous améliorons au gré des conseils et avis des uns et des autres.
J’anime la première séance devant une classe réceptive mais très (trop calme). Un élève en particulier a réponse à toutes mes questions. Cultivé ce jeune garçon. L’heure passe très vite et je suis dépassé par l’horaire, incapable d’aller jusqu’au bout du diaporama. Le questionnaire de fin de séance sera géré par le professeur accompagnateur qui semble avoir apprécié la séance.
Nadège se charge de la seconde classe ; nettement plus difficile, plus bruyante, volontiers inattentive, turbulente, sous l’œil indifférent du prof accompagnateur qui doit avoir l’habitude de se laisser déborder… Une classe comme on en voit quelquefois dans les collèges en REP (réseau d’éducation prioritaire) ou REP+… encore plus difficile. Ma collègue s’en tire néanmoins fort bien, introduisant des anecdotes qui captent l’attention des enfants.
Il est vrai qu’elle à, comme moi, une longue expérience d’ancienne institutrice, d’animatrice, condition qui n’est toutefois pas nécessaire pour conduire ce genre de séance. D’autres collègues non enseignants le font également avec brio et succès.
Au fait qui sommes-nous précisément : Nadège est la déléguée adjointe de la délégation d’AGIR Réunion depuis deux ans, mon alter ego en quelque sorte puisque je suis moi-même le délégué territorial pour La Réunion, choisi par mes pairs et nommé par l’organisme central à Paris, responsable de l’organisation et de la bonne marche de la cohorte d’une quarantaine de membres et de leurs activités dans de nombreux domaines. Les tâches administratives me prennent d’ailleurs un peu trop de temps à mon goût, au détriment de l’action sur le terrain qui reste, et de loin, le plus intéressant puisque c’est la raison même de notre existence associative.
Nous rencontrons quatre classes ce matin. Après les deux premières heures et la pause de la « récré » pendant laquelle M. le Principal et son adjoint nous ont invités à venir prendre un café, Nadège assure la troisième séquence, dans de très bonnes conditions d’écoute et de participation et je clos la matinée avec une dernière classe. La fin de séance est pimentée par des remarques très argumentées, fort bien expliquées de trois jeunes filles qui nous disent avoir du mal à admettre les règles de neutralité vestimentaire pour les jeunes musulmanes, et considèrent notamment que l’interdiction du port du voile à l’école est une mesure contraignante qui ne respecte pas le libre choix de chacun… Dommage que le sujet soit abordé en fin de séance et en aparté et ne puisse pas faire l’objet d’un débat avec le reste de la classe. Ceci, toutefois, montre bien que les questions et contestations soulevées par le principe même de laïcité sont loin d’être résolues….
Nous repartons de cette première matinée d’intervention (il y en aura une autre le lendemain), après avoir déjeuné à la « cantine » avec le sentiment justifié que, malgré notre statut de retraité et un âge déjà bien avancé en ce qui me concerne, nous avons encore une place, un rôle à jouer dans la société, auprès des jeunes notamment. Notre statut d’intervenant extérieur nous confère une attention et une écoute que n’ont malheureusement pas toujours les professeurs. L’effet de nouveauté et d’occasionnel joue en notre faveur et nous permet d’avoir un impact plus évident sur notre jeune publique. Sans trop se nourrir d’illusions, nous avons l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile et de n’avoir pas perdu notre temps, bien au contraire. Belle récompense non ? J.C