Tananomby - avril 2020
Confinement à Tananomby - avril 2020
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Tananomby : le bout du monde, que l'on atteint après 12h de taxi-brousse en partant de la capitale… C’est ainsi que Jacqueline Badon commence le récit du voyage et de la mission organisée par AGIR en avril 2019… il y a juste un an (relire cet article) Dans la continuité de celle-ci, La délégation territoriale avait le projet d’organiser une nouvelle intervention en mai/juin 2020 pour soutenir la douzaine de membres de l’équipe éducative qui apprécie et sollicite l’appui des formateurs bénévoles d’AGIR. Mais voilà, la situation sanitaire internationale en a décidé autrement.....
Gilbert Artigarrède, Président de l’ACLES (Association de coopération laïque, éducative et sociale), et aussi membre d’AGIR est, est avec son épouse aujourd’hui décédée, l’un des principaux membres fondateurs de cette association dont l’objectif est « de venir en aide aux familles défavorisées de cinq hameaux proches du fokontany de Tananomby sur la commune rurale de Fiadanana à Madagascar » et notamment de « les accompagner efficacement dans la lutte contre la pauvreté, en recherchant et en mettant en place, avec elles, des projets de développement durable. Ceci, afin qu’elles atteignent l’autonomie de fonctionnement de la cantine et de l’école primaire de leur association, la V.I.Ta »
Faute de pouvoir se rendre sur place, peut-être avant longtemps, Gilbert travaille à distance avec les responsables locaux ; il est actuellement plongé dans la comptabilité prévisionnelle mensuelle de l’association V.I.Ta pour laquelle il doit de donner son feu vert pour le déblocage le 15 avril (jour de la paye) de l’argent nécessaire au fonctionnement de l’école de Tananomby, et de tout ce qui gravite autour.
A Tananomby, on s'organise pour lutter au mieux contre le Covid-19. (Ci-contre ) Monsieur Randrianasolo Zolalaina dit Zo, l'intendant de l'association A.C.L.E.S. à Tananomby mais aussi président de l'association V.I.Ta. et Christian, le chef de projet et directeur de l'école, s'apprêtent à aller faire la distribution de savon aux familles adhérentes à l'association
Note : V.I.Ta, (Vondrona Iezahan’ny Tananomby) association malgache partenaire de l’ACLES a ajouté à sa mission initiale de gérer le réseau d’eau potable, celle de scolariser les enfants de ce secteur très reculé oublié du système éducatif d’état. Grace à ce regroupement de bonnes volontés depuis 2004, c’est aujourd’hui chose faite et ce sont aujourd’hui 240 enfants du préscolaire au CM2 qui bénéficient d’une scolarisation de qualité, financée en grande partie par les dons aux associations.
Voilà le récit des dernières nouvelles de Tananomby que nous livre Gilbert
Piton Saint-Leu, le 9 avril 2020
Le gouvernement malgache ayant été réactif au problème du covid-19, l’accès à Madagascar a été rapidement et sévèrement contrôlé. Dès le 14 mars le président Rajoelina annonçait la suspension des vols vers et en provenance de l’Asie et de l’Italie et des contrôles de température plus stricts aux arrivées des voyageurs venant de l’étranger. Puis, quelques jours après, devant l’ampleur de l’infection, il prenait la décision de suspendre tous les vols venant de l’Europe, y compris de La Réunion, de Maurice et de certains pays africains. De plus il enjoignait les Malgaches en voyage à l’étranger de rentrer de toute urgence avant le 19 mars, alors que le pays ne comptait aucun cas de coronavirus. Le 21 mars trois cas étaient signalés, le 22 mars le confinement général était décrété.
A Tananomby, l’école est donc fermée depuis le 20 mars au soir et les enfants sont tous confinés dans leur maison. L’antenne 4G la plus proche de Tananomby, foudroyée il y a environ deux ans n’ayant jamais été remise en service, les connexions internet restent particulièrement difficiles Les rares contacts que j’ai avec les responsables de l’association Vita, sont pleins d’aléas. Mais parfois, WhatsApp arrive à fonctionner à peu près correctement quelques minutes.
Aux dernières nouvelles, et pour le moment, en espérant que la situation « coronavirussaire » (néologisme de l’auteur) s’arrange, le danger vient surtout du ciel (honni qui mal y pense). Samedi dernier, la foudre a encore frappé, entre autre, dans le village d’Ambohimahatsara, juste de l’autre côté des rizières, à environ 1200 mètres. Bilan : deux enfants foudroyés ainsi que deux zébus et une maison incendiée... L’une de nos équipes qui était en train de mettre une en place une citerne en tôle de 6 m³ en a ressenti les effets. Ça lui a coupé l’ardeur et la pose de la citerne a été remise à un moment plus propice. Elle a finalement été mise en place lundi matin et est déjà pleine. Cette citerne récupère l’eau des toits du préau de l’école primaire et permettra en priorité le lavage des mains des élèves -quand l’école reprendra- mais aussi l’arrosage de leur jardin tout en rendant la cour un peu moins boueuse. Elle fait partie d’une série de dix citernes que nous faisons construire sur place sur des plans que nous avons élaborés. Ces citernes viendront en complément de la citerne semi-enterrée en béton, financée et construite en 2003 par nos amis Philippe Lago et Claude Coté, pour récupérer les eaux pluviales des toits de l’école et de la cantine. C’est un projet qui mûrissait depuis longtemps mais il avait été abandonné à la suite de l’échec de la tentative de faire des citernes souples en bâche thermo-soudée. Les longues périodes de sécheresse de ces dernières années et la mise hors service de la pompe solaire, due à un glissement de terrain à l’intérieur du puits, et qui a rendu celui-ci inutilisable avec cette pompe, a remis ce projet à l’ordre du jour. Comme les deux citernes en tôle soudée déjà en service au-dessus du puits depuis plusieurs années donnaient entière satisfaction, c’est naturellement que cette technique a été adoptée. Durant la période des pluies de l’été austral, l’énorme quantité d’eau provenant des différents toits des bâtiments de l’association Vita se perd dans la nature provoquant au passage un effet de ravinement parfois catastrophique. Cette eau est absolument nécessaire pendant les longues périodes de sécheresse. Avec la citerne Lago, lorsque le puits ne produisait que quelques litres par jours, il a toujours été possible d’assurer le fonctionnement des sanitaires de l’école et un arrosage minimaliste du jardin potager. Mais depuis environ trois ans le dérèglement climatique se fait plus fortement sentir et la nécessité d’avoir des réserves d’eau plus importantes devient impérative. Espérons que le choix de ce moyen de stockage de l’eau s’avérera être le bon. En ce qui concerne la remise en état du puits, celle-ci semble problématique et dangereuse. Aussi, il est envisagé d’en creuser un autre à cinq ou six mètres à côtés. Une équipe de puisatiers opérant dans le coin a été contactée et pour un prix raisonnable devrait se mettre à l’ouvrage, dans quelques temps, une fois qu’ils se seront libérés du chantier qu’ils ont en cours. Ça ne devrait pas être avant le mois de juin.
Le confinement des familles est semble-t-il respecté. Mais nos craintes vont vers les Anciens, il y en a une quarantaine (sic). Le président et le vice-président de la V.I.Ta. (Zo et Christian) font régulièrement le tour des familles pour s’assurer que tout va bien. Récemment, ils ont distribué à toutes les familles un gros morceau de savon afin que le protocole de lavage des mains soit respecté par tous. A plusieurs reprises tout au long des années scolaires les instituteurs et aussi quelques visiteurs solidaires, ont inculqué l’apprentissage du lavage des mains aux élèves. Ils sont donc, en principe, au top et en mesure de répercuter les bons gestes à leurs parents...
Gilbert Artigarrède
Les photos prises montrent la fabrication des citernes métalliques de 6 m3. Le groupe électrogène permettant la soudure électrique des citernes. A droite, le système de refroidissement du moteur. Pour la soudure à l'arc il a été fait appel à un artisan de Sahamadio (7 km) qui est venu travailler sur place avec son matériel